La question du bien-être et de la sécurité au travail prend une place de plus en plus importante dans le monde professionnel, et la filière viticole ne fait pas exception !
Depuis 25 ans, Terra Vitis s’engage aux côtés de ses adhérents et adhérentes pour travailler à l’amélioration concrète des conditions de travail des salariés à la vigne et au chai. Une réflexion de longue date donc, et en constante évolution.
A l’occasion de la Journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail le 28 avril prochain, nous vous proposons de découvrir les bonnes pratiques de prévention des risques mises en place sur les exploitations viticoles certifiées.
Garantir la santé et la sécurité des viticulteurs : un engagement fort de la démarche Terra Vitis
Le métier de viticulteur est un métier exigeant, physique, qui implique de gérer différentes casquettes, car les responsabilités ne s’arrêtent pas à la vigne ! Comptabilité, vente, communication, gestion des ressources humaines, entretien du matériel et des infrastructures… Être vigneron demande un engagement fort et quotidien, dont la pénibilité peut engendrer des risques pour la santé, tant physique que morale.
Aussi, à l’heure où le manque de main d’œuvre et la difficulté à transmettre les exploitations viticoles sont des problèmes chroniques de la filière, améliorer les conditions de travail à la vigne et au chai est un levier essentiel de la viticulture durable, et l’un des fondements de la démarche Terra Vitis.
Les viticulteurs et viticultrices certifié(e)s sont en effet accompagné(e)s dans l’évaluation et l’analyse des risques, puis en matière de prévention, afin de limiter au maximum les accidents du travail, l’apparition de troubles musculo squelettiques (TMS) et de préserver la santé mentale des collaborateurs.
Cela passe d’abord par la mise à disposition d’équipements de protection adaptés, l’ergonomie des postes de travail et l’entretien des infrastructures, mais aussi par la prévention et la sensibilisation aux risques liés au travail, des formations régulières et adaptées, et l’écoute du ressenti des salariés quant à leur satisfaction au travail, leur qualité de vie globale.
Concrètement, qu’est-ce que les viticulteurs Terra Vitis mettent en place ?
Au quotidien, les vignerons Terra Vitis font en sorte d’agir pour prévenir les risques physiques (maladies professionnelles, accidents du travail, etc.) autant que les risques psychologiques (épuisement professionnel, mal-être, harcèlement…).
Selon les exploitations, leurs enjeux propres et leurs moyens, cette attitude préventive peut prendre différentes formes, en voici quelques exemples.
Prévenir et soulager les maux de dos
S’il y a bien une maladie professionnelle typique en viticulture, c’est sans aucun doute le mal de dos ! Les différents travaux viticoles imposent en effet bien souvent de travailler plié en deux, parfois avec du poids en plus sur le dos. En conséquence, les maux de dos chroniques sont monnaie courante chez les ouvriers viticoles.
Pour pallier ce risque et travailler dans de bonnes conditions, au Domaine de la Forge, dans la Nièvre, on commence la journée par une série d’étirements et d’exercices visant à améliorer les postures de travail. Cette séance de réveil musculaire spécial viticulture a été créée avec l’aide d’un ostéopathe.
Les bons résultats n’ont pas tardé à se faire sentir, comme en témoigne André Guinhut, gérant de l’exploitation : “La mise en place d’un temps dédié à des échauffements et des exercices de posture permet d’améliorer le bien-être au travail et la reconnaissance des salariés. Je n’y vois que du positif !”
Au Domaine de l’Arjolle, dans l’Hérault, les pratiques viticoles ont été revues pour être moins exigeantes physiquement parlant. La taille traditionnelle a été remplacée en partie par la taille minimale, une méthode gagnante à tous points de vue : “Pour nous, la taille minimale permet de répondre aux 3 piliers du développement durable avec des avantages économiques (gain de productivité), sociétaux (diminution de la pénibilité du travail) et environnementaux (diminution de la sensibilité aux maladies et ravageurs)”.
L’un des salariés du Château de Neuilly, dans le Mâconnais en Bourgogne, qui souffre de maux de dos importants, s’est récemment essayé au travail dans les vignes avec un Exoviti, un exosquelette qui permet de diminuer fortement les contraintes imposées à la colonne vertébrale et aux muscles dorsaux. Si l’essai est concluant, l’utilisation pourrait devenir pérenne.
En plus d’actions de prévention des risques classiques comme le travail postural, des solutions techniques innovantes telles que l’exosquelette voient le jour, signe que les questions de bien-être et santé au travail prennent de plus en plus de place dans les vignes et au chai !
Prévenir les risques liés à l’utilisation de produits chimiques
A la vigne autant qu’au chai, pour protéger la santé des salariés et éviter les risques d’intoxication, il est nécessaire d’être vigilant quant à l’utilisation de produits chimiques pour le traitement des vignes ou pour le nettoyage des infrastructures.
Sur les exploitations certifiées Terra Vitis, les pratiques sont repensées pour faire un usage minimal et réfléchi de ce type de produits.
Par exemple, au Domaine Pierre Clément, on a revu les pratiques de désinfection du chai : “Nous n’utilisons plus du tout d’acide péracétique. Au-delà de l’efficacité et du gain de temps, c’est la sécurité et le confort de travail au chai qui m’ont convaincu. L’eau ozonée nous apporte un vrai confort de travail pour la désinfection du chai et une limitation des risques au travail.” Les employés portent des équipements de protection (EPI) adaptés lors de ces opérations, c’est d’ailleurs l’une des exigences du cahier des charges Terra Vitis.
Au Domaine de l’Arjolle, lorsqu’un traitement phytosanitaire est absolument nécessaire, il est fait avec un produit choisi avec soin pour son impact environnemental et sanitaire limité et de façon confinée : “La pulvérisation confinée est un moyen très efficace pour optimiser les traitements et limiter la dérive sur le voisinage, tout en limitant les consommations”.
Favoriser l’inclusion à la vigne et au chai
Le bien-être sur le lieu de travail doit être pensé pour toutes et tous, Terra Vitis encourage donc ses adhérents à mettre en place des actions concrètes en faveur de l’inclusion des femmes, des personnes en situation de handicap et des personnes en réinsertion professionnelle, encore peu représentées dans la filière vitivinicole.
Cela est rendu possible en premier lieu par de la sensibilisation et de la pédagogie (les clichés ont la vie dure !), puis par l’aménagement du poste de travail lorsque cela est nécessaire.
Par exemple, l’équipe des Vignobles Rousseau, dans le Bordelais, est mixte. Tous les travaux considérés comme réalisables uniquement par des hommes en bonne santé ont été repensés pour être accessibles à toutes et tous.
Il a fallu un peu de temps à Laurent Rousseau, à la tête du domaine, pour mettre tout cela en place mais c’était pour lui une évidence : “Le travail étant relativement physique, il est difficile d’intégrer des personnels féminins et/ou victimes de handicap. Dans ce fonctionnement, quelque chose me gênait, certainement parce que j’ai un statut de travailleur handicapé suite à divers accidents professionnels. Quelque part ça me paraissait illogique que les femmes soient exclues de certains travaux […]”.
Et sans regrets, il poursuit : “La notion d’égalité professionnelle homme/femme est juste un frein intellectuel, car nous prouvons même en viticulture et en agriculture que c’est possible. Les filles conduisent les tracteurs comme les hommes et font du travail aussi bien, voire mieux. Aujourd’hui c’est que du bonheur.”
Les Vignobles Dourthe travaille quant à lui toute l’année avec différentes structures d’insertion : “Nous travaillons depuis plus de 10 ans avec des structures de type « ESAT » accueillant des travailleurs handicapés afin de réaliser différents travaux au vignoble et pour nos espaces verts, tout au long de l’année.”
Prévenir les risques grâce à des formations régulières
Les salariés des exploitations certifiées Terra Vitis participent régulièrement à des formations en lien avec leur métier, et notamment avec la prévention des accidents et/ou des troubles musculo-squelettiques.
Depuis l’apprentissage des bons gestes pour affûter un sécateur sans prendre de risques jusqu’à celui des bonnes postures pour soigner la vigne sans s’épuiser, divers aspects du travail du vigneron sont abordés sous le prisme de la santé et de la sécurité au travail.
Ce qu’il faut retenir :
- Offrir de bonnes conditions de travail aux viticulteurs et viticultrices est un levier essentiel pour pallier le manque de main d’œuvre chronique dont souffre la filière.
- C’est l’un des engagements principaux de la démarche Terra Vitis, pour aujourd’hui et pour demain.
- Les moyens d’agir sont nombreux, mais le plus efficace est sans aucun doute la prévention ! Que cela passe par l’apprentissage des bons gestes, des protocoles stricts pour les activités à risques ou encore un entretien régulier et minutieux du lieu de travail, la prévention des risques professionnels a sa place sur tous les domaines Terra Vitis.
- Pour en savoir plus sur la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail
Crédits photos
– Domaine Passot-Collonge
– Château de l’Éclair
– Vignobles Marie Laure Lurton